Malgré les pressions des politiques et de l’opinion publique, et alors que le maintien de leurs activités sur place est rendu de plus en plus difficile du fait des sanctions européennes, beaucoup de grands groupes français sont encore présents en Russie. Les solutions de sortie sont en effet devenues très compliquées d’un point de vue juridique et économique depuis que le Kremlin a édicté des règles contraignantes visant à empêcher tout départ brutal.
Depuis le 22 février et la première salve de sanctions prononcées par les instances européennes à l’encontre de la Russie pour contraindre cette dernière à renoncer à son projet d’invasion de l’Ukraine, les entreprises françaises présentes sur le territoire russe et dont le secteur d’activité n’est pas visé par ces sanctions sont confrontées à un choix cornélien : poursuivre leurs activités économiques sur place malgré la pression de l’exécutif ou quitter la Russie et renoncer à un marché important pour leur stratégie commerciale.
Certains grands groupes se sont malgré tout résolus au retrait. Le dernier en date est la Société Générale qui a annoncé, le 11 avril, la cession de sa participation majoritaire dans Rosbank au fonds d’investissement russe Interros Capital. Une perte de 3,1 milliards d’euros pour la banque et un choix radical que d’autres n’ont pas fait : les groupes Kering et LVMH se sont quant à eux contentés de fermer temporairement leurs boutiques en Russie tout en conservant leurs actifs sur place, tout comme Renault qui a suspendu la production de ses usines exploitant la marque Lada, dont il est l’actionnaire majoritaire. Le géant énergétique Total Energies a décidé de ne plus s’approvisionner en pétrole russe mais reste aussi présent. En revanche, des sociétés rechignent toujours à stopper leurs activités. C’est le cas par exemple de Danone ou de Mulliez, présent via Auchan (3,2 milliards d’euros de ventes en Russie) et Leroy Merlin (5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en Russie). Toutes ces entreprises françaises sont loin d’être insensibles au sort des Ukrainiens. En fait, elles se retrouvent coincées entre le marteau et l’enclume.