Sous l’effet notamment de prévisions d’inflation revues à la hausse de l’autre côté de l’Atlantique, les taux d’intérêt de long terme en dollars ont sensiblement augmenté depuis le début de l’année, entraînant dans leur sillage les taux longs en euros. La perspective d’une poursuite de la dynamique haussière incite déjà certains trésoriers à revoir leur stratégie en matière de financement.
Les jours précédant la réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne qui s’est tenue jeudi dernier, les téléphones des économistes et des stratégistes de banques n’ont pas cessé de sonner. A l’autre bout du fil : des trésoriers ou des directeurs financiers soucieux de recueillir leur analyse face aux récents mouvements des taux d’intérêt des deux côtés de l’Atlantique. Avoisinant 0,90 % en début d’année, le taux américain à 10 ans a depuis bondi à 1,50 %, après avoir atteint 1,60 % le 8 mars. Soit une envolée de plus de 65 % ! Un emballement provoqué non seulement par l’accélération de la campagne de vaccination aux Etats-Unis, qui laisse présager un rebond plus marqué de la croissance avec la levée progressive des restrictions sanitaires, mais aussi par les effets potentiels des premières décisions économiques de l’administration Biden.
Un choc de demande extérieure
Alors que le PIB américain était déjà attendu en progression de plus de 5 %, l’adoption d’un plan de relance massif de 1 900 milliards de dollars, qui repose notamment sur un stimulus fiscal à destination des ménages, est de nature à mettre l’économie américaine en surchauffe, préviennent de nombreux experts. « Face à cette perspective, les investisseurs anticipent un rebond des prix dans les mois à venir, ce qui se traduit mécaniquement par un ajustement à la hausse des taux longs », déclare Adam Kurpiel, responsable de la stratégie taux chez Société Générale CIB. Signe des tensions actuelles sur l’inflation, l’indice...