En hausse depuis fin 2021, les taux d’intérêt devraient continuer d’augmenter dans les prochains mois, sous l’effet notamment du début de normalisation de la politique monétaire européenne. Mécaniquement, cette évolution va peser sur les entreprises françaises, qui affichent aujourd’hui un endettement record. Mais les impacts pourraient demeurer limités selon les économistes… du moins à moyen terme.
La mise en garde est venue du premier banquier de France. Il y a quelques semaines, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, alertait sur le fait qu’une augmentation d’un point des taux d’intérêt se traduirait, pour les finances publiques françaises, par un renchérissement du service de la dette souveraine de « 39 milliards d’euros par an au bout de dix ans ». Depuis le 20 décembre dernier, le taux des OAT à 10 ans s’est apprécié de… 120 points de base environ, autour de 1,20 % ! Même si François Villeroy de Galhau n’a pas évoqué les conséquences de ce mouvement de marché sur les entreprises, les avertissements répétés de l’institution monétaire au sujet de leur endettement ces derniers mois n’incitent guère à l’optimisme. Dans son « Evaluation des risques du système financier », la banque centrale signalait fin 2020 que « le niveau et, plus encore, la dynamique de l’endettement des sociétés non financières françaises sont ainsi devenus un sujet de préoccupation du point de vue de la stabilité financière ». Six mois plus tard, le « niveau élevé d’endettement brut des sociétés non financières » figurait en tête des vulnérabilités du système financier domestique, avec un « risque très élevé ». Si l’institution avait revu son appréciation en début de cette année, ce risque n’en demeurait pas moins, à ses yeux, « élevé ».

Encore peu de restructurations de PGE
- Entre fin mars 2020 et fin décembre 2021, 699 401 entreprises ont souscrit un Prêt garanti par l’Etat (PGE), pour un montant global légèrement supérieur à 143 milliards d’euros.
- Très tôt, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance avait évoqué la perspective que certains bénéficiaires soient contraints à restructurer leur dette, dont le PGE. A ce titre, un accord de place sur la restructuration des petits PGE a été signé le 27 janvier dernier entre Bercy, la Banque de France et la Fédération bancaire française. Ce document permet aux entreprises « de petite taille en situation de difficulté financière avérée ayant jusqu’à 50 000 euros de PGE d’en étaler le remboursement ».
- A ce jour, les événements de crédit constatés sur les PGE resteraient cependant circonscrits. « Selon le dernier décompte réalisé fin janvier, 400 millions d’euros avaient été appelés en garantie par les banques, indique-t-on à Bercy. Or il faut savoir que ce montant ne correspond pas, à l’instant-T, à une perte pour l’Etat puisque cet encours de PGE va faire l’objet d’une restructuration via, principalement, un étalement des échéances de remboursement. Ce faisant, les prêteurs en recouvreront une partie. »
- Chargée du suivi des PGE, la Banque de France anticipe au global un taux de défaut inférieur à 5 %.
«D’un point de vue macro, nous ne percevons à ce stade aucun signal d’alerte spécifique en matière de soutenabilité de l’endettement des entreprises françaises.»
Tensions en vue dans certains LBO
A première vue, la situation financière des entreprises françaises est, il est vrai, de nature à soulever des inquiétudes. En...