Après avoir révisé à la baisse en mars dernier vos prévisions de croissance mondiale pour 2019 et 2020, vous venez de procéder à une nouvelle correction. La situation devient-elle préoccupante ?
Nous sommes effectivement très inquiets quant à l’évolution de la croissance. En mars, notre première révision avait surpris, car on nous trouvait trop pessimistes. Or les chiffres dont on commence à disposer pour 2019 montrent que nous ne l’étions pas assez : alors qu’en mars nous tablions sur une croissance mondiale de 3,3 % en 2019 et 3,4 % en 2020, nous estimons à présent qu’elle ne devrait finalement pas dépasser respectivement 2,9 % et 3 %. Ces taux de croissance sont les plus faibles depuis la crise financière. La raison principale de cette dégradation tient bien évidemment aux tensions commerciales, qui durent depuis maintenant près de deux ans et semblent devenir un état de fait. L’incertitude qui en découle conduit les entreprises à repousser sans cesse leurs investissements. Le taux de croissance de l’investissement mondial s’est ainsi effondré : il était de près de 5 % en 2017, il est maintenant à peine de 1 %. Ce qui nous inquiète particulièrement, c’est que, sans action forte de politique économique, la situation risque encore de se dégrader. Le taux de croissance tendanciel était déjà en baisse depuis des décennies. Si, en plus, la croissance des échanges chute, tout comme celle des investissements, toutes les conditions sont réunies pour que la croissance future reste faible longtemps. Cette spirale à la baisse est très dangereuse, car elle rend la croissance très vulnérable aux chocs.
Comment enrayer cette tendance ?
Dans le domaine du commerce international, il faut d’abord mettre un terme à...