« Peu comprise par les investisseurs anglo-saxons notamment, la présence de PDG à la tête de groupes n’est aujourd’hui pas loin d’être une singularité française. »
Appelant depuis plusieurs semaines le conseil d’administration de Danone à notamment mettre fin au mandat de président-directeur général d’Emmanuel Faber, les fonds activistes Blue Bell et Artisan Partners, qui détiennent à eux deux un peu plus de 3 % du capital du groupe, ont obtenu gain de cause. Comment analysez-vous cette décision ?
D’abord, il est utile de rappeler que des divisions au sein du conseil d’administration de Danone sont apparues avant le lancement de la campagne des deux fonds en question, et que des interrogations pouvaient porter sur des sujets mis en avant par ces derniers : la pertinence du plan stratégique poursuivi par Emmanuel Faber (les deux activistes pointaient une sous-performance financière et boursière de Danone par rapport à ses principaux concurrents) et la gouvernance de l’entreprise – ils appelaient à une séparation des fonctions de président et de directeur général. Ensuite, lorsqu’un actionnaire détient 3 % du capital d’un groupe comme Danone, il est légitime que les administrateurs écoutent ses arguments, comme avaient par exemple pu le faire en 2019 ceux de Pernod Ricard vis-à-vis du fonds Elliott qui critiquait la gouvernance. Si une participation de 3 % peut sembler faible, elle pèse tout de même plus de 1,2 milliard d’euros dans le cas de Danone !
En outre, les demandes formulées par Blue Bell et par Artisan Partners pouvaient sembler, du moins en partie, légitimes. Ainsi, sans aller jusqu’à demander le départ d’Emmanuel Faber, nous...