Le groupe Lagardère SCA a dû renoncer provisoirement à son nouveau directeur financier à la demande de l’Autorité des marchés financiers. En cause, le fait qu’il était commissaire aux comptes du groupe trop peu de temps avant sa nomination.
Annoncée le 9 mars 2016, la nomination de Bruno Balaire au poste de directeur financier du Groupe Lagardère SCA pourrait bien être reportée de… plusieurs années. Celui-ci devait remplacer Dominique d’Hinnin, en poste depuis dix-huit ans, dont le départ s’inscrivait sur fond de désaccords stratégiques. Aussi quand le groupe a annoncé le 27 mai dernier qu’il y avait un problème avec la nomination de son successeur, la nouvelle a fait sursauter. En réalité, c’est l’AMF qui s’y est opposée. L’intéressé serait-il sous le coup d’une condamnation ou autre événement infamant ? Pas du tout. Son tort est d’être un ancien associé du cabinet Mazars et d’avoir, dans ses précédentes fonctions, contrôlé les comptes du groupe Lagardère SCA de 2008 à 2013. Or, il se trouve qu’un article assez méconnu de la réglementation de l’audit interdit aux commissaires aux comptes d’être nommés dirigeants, administrateurs ou membres d’un comité de surveillance ou encore d’occuper un poste de direction au sein des entités qu’ils contrôlent pendant une durée de cinq ans. C’est ce qu’on appelle un délai de viduité. L’objectif du dispositif consiste à protéger l’indépendance des commissaires aux comptes en évitant toute opinion de complaisance inspirée par une promesse d’embauche. Dans la pratique, il arrive souvent que des collaborateurs des cabinets d’audit soient recrutés dans les équipes des entités qu’ils ont cont...