Depuis plusieurs mois, les initiateurs d’offres publiques sont de plus en plus nombreux à annoncer leur projet d’acquisition au public avant de procéder à un dépôt formel auprès de l’AMF. Le développement de cette pratique, appelée «pré-offre», s’explique essentiellement par la volonté d’éviter les fuites d’informations.
Acquisition d’Alcatel-Lucent par Nokia, fusion entre Safran et Zodiac, rapprochement entre Business & Décision et Orange, reprise d’Auféminin par TF1… Depuis plusieurs mois, de plus en plus d’entreprises qui ont l’intention d’acquérir une société cotée tendent à annoncer au marché leur projet avant de procéder au dépôt d’une offre formelle auprès de l’AMF, ouvrant ainsi une période dite de «pré-offre». «Cette pratique n’était pas interdite auparavant, mais elle a été formalisée lors du renforcement en 2006 du dispositif anti-rumeur qui oblige les entreprises à informer le public de leurs intentions lorsque des rumeurs d’offre publique d’acquisition circulent, rappelle Bertrand Durupt, responsable des offres publiques à la direction des émetteurs de l’AMF. Depuis lors, elle s’est progressivement développée et s’est en particulier accélérée sur les cinq dernières années : aujourd’hui, entre la moitié et les trois quarts des offres sont ainsi précédées d’une annonce.»
Plus de confort dans les négociations
Si les entreprises optent de plus en plus pour cette manière de procéder, c’est qu’elles y trouvent des avantages. En effet, même s’il reste strict (voir encadré), le cadre réglementaire de la période de pré-offre se révèle plus souple que celui applicable après le dépôt formel de l’offre.«Une révision significative des conditions financières de l’offre pourrait être mal perçue par le marché, mais celles-ci ne sont cependant pas irrévocables, à la différence de celles concernant une offre publique formellement déposée, relève Bertrand Durupt. En outre, les conditions suspensives sont moins limitatives, contrairement à la réglementation en vigueur une fois l’offre formellement déposée.»