Près de la moitié (45 %) des dirigeants de PME se sentent isolés, d’après une étude réalisée par Bpifrance Le Lab auprès de 2 400 dirigeants de PME et que vous avez supervisée. Comment expliquez-vous ce résultat ?
Le constat est sans appel. Des travaux antérieurs avaient déjà mis en lumière ce phénomène mais, du fait de l’ampleur du panel des personnes interrogées, cette nouvelle étude vient confirmer que la solitude du dirigeant de PME est bien réelle. Celle-ci est principalement criante lors de la prise de décision. Seuls à diriger l’entreprise dans 53 % des cas, les dirigeants ne disposent en effet pas souvent de bras droit avec lequel ils puissent réfléchir sur les choix stratégiques à opérer. Cette situation les conduit généralement à travailler sans relâche, plus de 50 heures par semaine pour 72 % d’entre eux, voire plus de 60 heures par semaine pour 31 %. Si 54 % des dirigeants se sentent isolés lorsque les performances de l’entreprise sont mauvaises, ils sont toujours 40 % dans ce cas même lorsqu’elles sont bonnes.
D’où provient ce sentiment d’isolement ?
Il est en premier lieu causé par l’incertitude et la complexité de l’environnement dans lequel évoluent les PME. Souvent conçues en fonction des grandes entreprises, les nouvelles réglementations viennent en particulier s’imposer aux PME qui ne disposent que rarement de directeur des ressources humaines ou de directeur juridique à même de les aider à anticiper et appliquer ces changements. Sur ces sujets, les dirigeants de PME, polyvalents par nécessité, doivent en outre, à l’occasion de contrôles, faire face à des inspecteurs du travail et des impôts plus experts qu’eux.