Malgré une baisse du nombre d’opérations comme des volumes levés en 2023, le marché des sustainability-linked bonds a gagné en maturité. Les émetteurs et leurs partenaires financiers ont cherché à répondre aux critiques des investisseurs. Ils présentent désormais des engagements variés, ambitieux et sanctionnés, s’ils ne sont pas atteints, par un malus significatif.
Après un démarrage timide en 2019, le marché des sustainability-linked bonds (SLB) a connu une montée en puissance à partir de 2021. Car à l’inverse des obligations vertes, durables ou sociales, les SLB offrent plus de souplesse aux entreprises, en ce qu’elles peuvent financer leurs besoins généraux. « Certains émetteurs n’ont pas la capacité en capex (dépense d’investissement) ou en opex (dépense d’exploitation) de flécher des fonds vers un projet précis, comme l’exigeaient les instruments de financement durable jusqu’à présent, indique Xavier Beurtheret, responsable DCM corporate pour l’Europe chez Crédit Agricole CIB. Ainsi, pour eux, les SLB s’avèrent particulièrement intéressants. »
Cette liberté accrue dans le déploiement des fonds levés a poussé de nombreuses entreprises à opter pour ce type de financement. Mais très vite, certaines d’entre elles ont fait l’objet de lourdes critiques de la part des médias comme des investisseurs, qui les accusaient de se parer du costume de la durabilité sans véritablement se lancer d’ambitieux objectifs. « Nous avons constaté pas mal de scepticisme autour de ce produit de la part des investisseurs, notamment parce que les indicateurs choisis étaient peu challengés », souligne Xavier Beurtheret. Constatant que les objectifs cibles étaient parfois quasiment atteints ou peu pertinents au vu de l’activité concernée, mais également que les step-up appliqués en cas d’objectifs non atteints étaient souvent très faibles, les investisseurs ont rapidement réclamé plus de clarté, d’ambition et de lisibilité.