Le marché allemand des placements privés a enregistré une activité record en 2022, avec 31 milliards d’euros levés par des entreprises internationales, dont près d’une dizaine d’émetteurs français. Alors que les marchés de capitaux publics ont pâti d’une forte volatilité sur la période, la large présence de banques parmi les souscripteurs de Schuldscheine lui a conféré une stabilité salutaire.
Dans le perpétuel match France-Allemagne, celui afférent à leur marché des placements privés respectif a, en 2022, incontestablement tourné en faveur de la première puissance économique européenne. Tandis que les montants empruntés sous la forme d’Euro-PP plongeaient sous le seuil de 2 milliards d’euros (voir encadré), ceux levés au travers de Schuldscheine ont culminé à un niveau record. « Après deux exercices 2020 et 2021 durant lesquels les volumes avaient avoisiné 20 milliards d’euros, ces derniers ont atteint 31 milliards d’euros, dépassant ainsi le précédent plafond de 2017 », constate François Tenenbaum, senior director corporate banking au sein de la banque allemande BayernLB.
A l’époque, 28 milliards d’euros y avaient été collectés par des entreprises non financières, toutes nationalités confondues.
«Pendant le quatrième trimestre, les investisseurs se sont un temps vu proposer une quarantaine de dossiers simultanément, ce qui a pu en conduire certains à se montrer plus sélectifs.»
Un nombre significatif de « jumbo deals »
Plusieurs paramètres ont contribué à cette effervescence. D’abord, l’attrait de cette source de financement pour des emprunteurs non domestiques en quête de diversification de leur base de prêteurs s’est encore vérifié. En 2022, ceux-ci ont en effet représenté près d’un quart des volumes globaux. Une tendance à laquelle les sociétés françaises ou francophones ont largement participé. « Nous avons recensé neuf opérations les concernant », confirme Laurence Mouratille Levy, co-responsable global capital market chez Société Générale. Korian, Ubisoft, Bel, Plastic Omnium et deux primo-émetteurs, en l’occurrence Keolis et le groupe Avril, font par exemple partie de cette liste. En outre, l’activité a été soutenue par un nombre inhabituellement élevé de placements de taille importante. « Dix-huit transactions “jumbo”, c’est-à-dire de plus de 500 millions d’euros, ont été bouclées l’an dernier, soit quasiment le triple de la moyenne annuelle traditionnelle », relève François Tenenbaum.