Après avoir injecté près de 2 600 milliards d’euros sur les marchés au travers de son programme de quantitative easing, la Banque centrale européenne devrait entériner jeudi prochain la fin de ses achats nets d’actifs. Même si cet instrument de politique monétaire s’est traduit par une baisse significative du coût des financements des entreprises, son arrêt ne devrait avoir, selon de nombreux économistes, qu’un effet limité pour les émetteurs.
Toutes les bonnes choses ont une fin. Depuis mars 2015, les marchés financiers se sont habitués à voir la Banque centrale européenne (BCE) imprimer chaque mois des dizaines de milliards d’euros afin de les injecter directement dans l’économie par le biais d’achats d’actifs. Dénommée «quantitative easing», ou QE, cette politique jusqu’alors inédite dans la zone euro s’est traduite pour l’Eurosystème (BCE et banques centrales nationales) par la détention à fin octobre de quelque 2 548 milliards d’euros d’obligations souveraines ou parapubliques, d’obligations corporate, d’obligations sécurisées et de produits titrisés, entraînant ainsi une multiplication par plus de deux de la taille de son bilan (voir graphique) ! Sauf surprise, l’institution de Francfort devrait acter ce jeudi 13 décembre l’arrêt des achats nets, comme elle l’a laissé entendre à de multiples reprises depuis juin dernier.
Aussi attendue soit-elle, cette annonce suscite une réelle fébrilité au sein de la communauté financière. Il faut dire qu’après avoir pleinement profité du QE, certains emprunteurs redoutent un retour de balancier.«Via ses rachats d’actifs, la BCE a selon nos évaluations provoqué une chute du rendement des obligations allemandes et françaises à 10 ans comprise entre 50 et 80 points de base (pb), entre 50 et 100 pb pour les italiennes et espagnoles, constate Alain Durré, économiste en chef de Goldman Sachs France. S’agissant des sociétés non financières, la baisse du coût de financement moyen...