En raison de la progression continue de l’endettement du secteur privé en France, les autorités ont décidé d’imposer aux banques de provisionner davantage de fonds propres face aux crédits qu’elles distribuent. Vivement critiquée par ces dernières au motif qu’elle briderait le financement de l’économie, cette mesure pourrait toutefois n’avoir que des effets limités selon les spécialistes du secteur bancaire.
Une mesure incompréhensible. Par voie de communiqué, la Fédération bancaire française (FBF) n’a pas tardé à réagir, avec une certaine virulence, à la décision du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) de renforcer, le 18 mars dernier, la charge en fonds propres que les banques doivent provisionner face aux crédits qu’elles distribuent. En juin 2018, l’autorité macroprudentielle française chargée d’exercer la surveillance du système financier avait déjà acté l’entrée en vigueur du «coussin de fonds propres contracyclique», un mécanisme impliquant pour les établissements bancaires d’augmenter le niveau de fonds propres par rapport à leurs actifs pondérés en fonction des risques (RWA). Portant sur l’ensemble du stock de prêts, et pas uniquement sur les prêts nouvellement produits, ce coussin avait alors été fixé à 0,25 %. Mi-mars, ce seuil a été relevé à 0,50 %. «Le HCSF a décidé de mettre en place une mesure visant à limiter le développement du crédit en France. Les banques françaises ne comprennent pas cette décision, qui n’est pas cohérente avec la politique monétaire de la Banque centrale européenne», a ainsi dénoncé la FBF quelques minutes après l’officialisation de l’annonce.
Un indicateur contesté
Pour justifier ce durcissement, le HCSF a mis en avant la progression quasi ininterrompue de l’endettement du secteur privé non financier depuis 2013. Celui-ci «continue de croitre pour atteindre 133,3 % du PIB au troisième trimestre 2018 (59,2 % pour les ménages et 74,1 % pour les sociétés...