Comment accueillez-vous les mesures récentes de la BCE, qui a notamment annoncé de nouvelles opérations d’injection de liquidité à destination des banques (TLTRO) et des rachats d’obligations émises par des entreprises non financières ?
Hervé Labbé, président de la commission financements, Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE) : Il y a deux manières d’interpréter ces annonces. La première, plutôt pessimiste, consiste à penser que la mise en œuvre de telles dispositions, auxquelles s’ajoute la baisse de plusieurs taux directeurs, est le signe que la situation macroéconomique continue de se dégrader. La seconde analyse, que je partage, est quant à elle positive. En renforçant ses actions de politique non conventionnelle, la BCE délivre un message clair aux marchés : elle se donne les moyens de faire repartir la distribution de crédit à la hausse dans la zone euro, via des injections directes de liquidités. Une telle stratégie est de nature à faciliter la transmission de la politique monétaire dans l’économie réelle. En outre, en précisant que ces mesures accommodantes se prolongeront jusqu’en 2021 au plus tôt – la BCE lancera en effet en mars 2017 sa dernière tranche de TLTRO 2 d’une durée de quatre ans –, l’institution offre une grande visibilité aux investisseurs. En ce sens, Mario Draghi a adressé le 10 mars dernier un signal très fort aux marchés.
S’agissant de l’élargissement du programme de rachat d’actifs (QE) aux obligations corporate, quels impacts anticipez-vous pour les entreprises ?
Hervé Labbé : A l’issue de la réunion de la BCE, l’effet a été immédiat sur les instruments de crédit des...