Face à l’urgence, les assureurs-crédit s’organisent pour préserver les engagements commerciaux des entreprises tout en respectant les sanctions.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a placé les assureurs-crédit dans une situation inédite. Les entreprises se retrouvent en effet face à des acheteurs russes avec lesquels ces assureurs n’ont plus le droit de travailler en raison de leur secteur d’activité, ou qui ne peuvent plus régler leurs factures parce que leur banque est exclue du réseau Swift. « Sans compter que certains acheteurs russes peuvent être tentés de ne pas payer leurs fournisseurs européens…, souligne Christophe Cherry, directeur général d’Atradius France, Belgique et Luxembourg. En quelques jours seulement, la probabilité de défaut d’acheteurs russes à l’égard de nos exportations est donc devenue très élevée. Il est probable que lorsque nous arriverons aux échéances de paiement de leurs factures d’ici trois à six mois, nous recevions beaucoup d’impayés si la situation ne s’est pas améliorée d’ici là. »
«Nous ne savons pas encore si nous serons légalement autorisés à indemniser nos assurés dès lors que leurs acheteurs en défaut de paiement sont concernés par les sanctions. »
Les nouvelles demandes de garanties sur la Russie refusées
Pour continuer d’accompagner les entreprises françaises qui exportent vers la Russie mais aussi vers l’Ukraine, les principaux assureurs-crédit français travaillent aujourd’hui en étroite concertation avec France Assurance (la fédération française de l’assurance) et la Direction du Trésor à Bercy. Ils ont toutefois déjà pris un certain nombre de mesures. « Nous avons décidé de ne pas annuler nos garanties actuelles mais de les limiter, en concertation avec nos clients, au niveau de leur encours avec leurs acheteurs en Russie, Ukraine et Biélorussie, au 26 février, explique Christophe Cherry. Par ailleurs, nous leur recommandons aujourd’hui d’arrêter la livraison de marchandises, surtout en Russie. »