Depuis la crise, les banques de financement et d’investissement américaines n’ont cessé de gagner des parts de marché en Europe, alors même que leurs homologues européennes en perdaient outre-Atlantique. Moins rentables et pour la plupart toujours engagées dans un processus de restructuration, les BFI du Vieux Continent doivent reconsidérer leur business model pour survivre.
Le 20 novembre dernier, la place parisienne se réjouissait du succès de l’introduction en Bourse de la Française des jeux. D’un montant avoisinant 2 milliards d’euros, cette première privatisation depuis plus de treize ans a, il est vrai, de quoi redonner le sourire aux banquiers actions : elle intervient non seulement quelques semaines après la cotation réussie de Verallia, mais aussi après une année 2018 et un premier semestre 2019 «horribilis» sur le front des IPO dans l’Hexagone. Chez certains d’entre eux, l’ambiance n’était pourtant pas réellement à la fête. «Parmi les banques officiant sur l’introduction de la FDJ comme “coordinateurs globaux, chefs de file et teneurs de livre associés du placement global”, on ne retrouve aux côtés de deux établissements français aucun autre acteur européen, alors même qu’y figurent deux américains, s’étrangle le responsable d’une banque de financement et d’investissement (BFI) du Vieux Continent. Sur les IPO françaises des dernières années, c’est la première fois que je vois cela. C’est d’autant plus incompréhensible que l’actionnaire en question est l’Agence des participations de l’Etat (APE) !»
A l’heure où de nombreux représentants politiques en appellent à relancer le processus de construction européenne, en particulier par le biais de l’Union bancaire et de l’Union des marchés de capitaux, ce choix de l’Etat français peut en effet apparaître surprenant. Pour autant, il ne fait que refléter l’évolution observée au sein de l’espace...