Depuis 2008, les entreprises françaises ont massivement recouru aux financements de marché, dont la croissance a été sensiblement supérieure à celle des crédits bancaires. Mais la dynamique s’est inversée au cours des derniers mois. Une évolution qui pourrait toutefois n’être qu’éphémère, plusieurs facteurs allant prochainement affecter les marges de manœuvre des banques.
Après la «désintermédiation», la «réintermédiation» ? Depuis 2008-2009, années au cours desquelles certaines d’entre elles s’étaient vu fermer tout ou partie du robinet du crédit bancaire, les entreprises françaises ont fortement réduit leur dépendance aux banques. Alors que ces dernières participaient en moyenne à hauteur de 73 % du financement total des sociétés non financières hexagonales, leur part est aujourd’hui tombée à 61 %, selon la Banque de France. Mais ce mouvement s’est sensiblement essoufflé au cours des derniers mois. «Depuis la mi-2015, nous avons assisté à un phénomène de réintermédiation bancaire», confirme Muriel Nahmias, director chez Redbridge DTA. A l’exception d’une courte période fin 2011, la croissance des financements de marché n’avait jamais cessé de dépasser celle des crédits bancaires depuis mi-2008. Mais la dynamique s’est en effet inversée en juillet 2015. Entre cette date et septembre dernier, les encours de prêts ont ainsi augmenté de 4 %, passant de 862,4 milliards d’euros à 897 milliards, tandis que ceux des financements désintermédiés progressaient de 3,6 %, à 575 milliards d’euros. Une situation imputable en partie aux grands groupes. «En décembre dernier, l’encours de crédits bancaires à destination de cette catégorie d’entreprises s’inscrivait en hausse annuelle de 10,2 %, contre + 2,7 % pour les PME et les ETI», précise Laurent Quignon, économiste bancaire chez BNP Paribas.
Une concurrence agressive entre les banques
Historiquement, un tel virage n’est pas inédit.
«Lors de la création de l’euro en 2002, nous avions déjà...