A l’achat, un nombre croissant d’ETI et de grands groupes décident de se passer de banquiers conseil. Une situation que ces entreprises justifient notamment par des craintes de «fuites» et par l’absence de propositions originales en termes de cibles.
Et si les banquiers d’affaires étaient devenus… inutiles ? De prime abord, une telle question pourrait paraître tout bonnement provocante. Et pourtant : pour mettre la main il y a quelques mois sur Maersk Oil (7,45 milliards de dollars) puis sur Direct Energie (1,4 milliard), le groupe Total s’est passé de services de conseil externe. Le géant pétrolier est loin de constituer une exception en la matière. Depuis quelques années, de nombreuses sociétés se sont dotées en interne d’équipes de M&A afin de piloter elles-mêmes tout ou partie de leurs processus d’acquisition – il en va autrement pour la vente d’actifs –, à l’instar de Publicis, Kering, Schneider Electric, Elior, JCDecaux, Spie, etc. Les ETI n’échappent également pas à ce mouvement, à l’image de la société Trescal, spécialisée dans la métrologie, de l’entreprise de facility management Atalian ou encore d’Eurofins Scientific. Ainsi de mener à bien, fin 2017, le plus gros rachat de son histoire, celui du groupe américain d’analyse EAG Laboratories pour 780 millions de dollars, le laboratoire français a en effet choisi de ne pas se faire accompagner. Sans aller jusqu’à parler de tendance, certains banquiers reconnaissent une amplification du phénomène.
Des équipes en «mode commando»
Le fait de recourir à ce modus operandi n’est certes pas neutre sur le plan pécuniaire, compte tenu du niveau des commissions facturées par les banques, surtout pour les entreprises poursuivant une stratégie de croissance externe active. Mais cet aspect ne constitue pas la...