Confrontées, cette année encore, à une conjoncture instable qui rend difficile tout exercice de prévision, un nombre croissant d’entreprises ont décidé de diminuer le temps qu’elles consacrent à l’élaboration de leur budget. Elles entendent ainsi commencer l’exercice plus tard pour établir des prévisions en fonction des informations le plus récentes possible.
Depuis cinq ans, les entreprises doivent, à l’heure de l’élaboration de leur budget, composer avec un environnement économique très incertain. Mais cette année, l’exercice semble encore plus difficile. «Le manque de visibilité ne semble pas se dissiper, témoigne Bertrand Delain, associé responsable du secteur manufacturing chez Deloitte. Le léger rebond de croissance enregistré au deuxième trimestre a été immédiatement suivi par une baisse du PIB au troisième trimestre.» De plus, une source de préoccupation s’est renforcée récemment, compliquant la définition des objectifs, notamment en matière de rentabilité. «Nous sommes désormais confrontés à des incertitudes fiscales majeures, déplore ainsi Alain Loeb, directeur financier de Kiloutou. Les règles changent quasiment chaque année, et le parlement ne semble plus hésiter à adopter des réformes qui peuvent avoir un effet rétroactif, ce qui est inquiétant.»
Par ailleurs, pour les groupes qui se sont développés en dehors de la zone euro, afin notamment de bénéficier du dynamisme des pays émergents, l’instabilité des changes pèse elle aussi sur la formulation des hypothèses budgétaires.«Pour un groupe très international, les écarts de conversion de change ont des impacts significatifs sur le résultat opérationnel, explique Olivier Stephan, directeur du contrôle de gestion du groupe Seb. Certes, des couvertures sont possibles sur certaines devises comme le dollar ou le yen dans des conditions économiques satisfaisantes. Mais pour...