Alors que le consensus de marché tablait sur un début de remontée graduelle des taux d’intérêt dans la zone euro à partir de l’été 2019, cette perspective a été décalée de plusieurs mois en raison des décisions plus accommodantes qu’attendues annoncées début mars par la Banque centrale européenne. Faisant même repartir les taux de moyen et long termes à la baisse, ces mesures contraignent les entreprises à revoir leur gestion du risque de taux.
«La Banque centrale européenne a pris beaucoup de monde de court.» Comme en témoigne la réaction de Philippe Berneur, membre de la commission financements de l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’effet de surprise suscité par la dernière réunion du Conseil des gouverneurs de l’Eurosystème du 7 mars a été considérable. En effet, rares étaient les opérateurs financiers à imaginer l’institution monétaire décaler le calendrier indicatif de son premier relèvement de taux directeur – à «fin 2019 au plus tôt» au lieu d’«après l’été 2019» – et annoncer le lancement d’un troisième programme d’injection de liquidités à destination des banques commerciales (TLTRO 3) aussi tôt dans l’année. De quoi logiquement chambouler les marchés de taux. «En octobre dernier, les investisseurs s’attendaient encore à voir l’Euribor 3 mois (- 0,30 % environ aujourd’hui) rebasculer en territoire positif entre décembre 2019 et mars 2020, rappelle Pierre-Jean Renson, responsable des ventes pour les corporates chez HSBC France. A la suite de la dernière conférence de la BCE, cette perspective est reportée à l’horizon juin-septembre 2021 !»L’essentiel des mouvements a cependant été observé sur la partie moyen et long termes de la courbe en euros. Ainsi, les taux midswaps 5 ans et 10 ans ont diminué chacun d’une dizaine de points de base. «Compte tenu des niveaux initiaux qui étaient très bas, il s’...