Les perturbations observées sur le marché des NEU CP le mois dernier (voir article précédent) ont directement affecté la stratégie des entreprises en matière de placement de trésorerie.
Dans l’impossibilité d’émettre sur le marché des NEU CP, plusieurs entreprises ont en effet été contraintes début mars de retirer des liquidités qu’elles avaient notamment placées dans des OPCVM monétaires. L’objectif : être en mesure de procéder au remboursement de dettes arrivant à échéance. Craignant que ce mouvement ne s’amplifie, de nombreux gérants ont alors décidé de renforcer la poche de cash de leurs fonds de manière à pouvoir faire face à d’autres décollectes. En parallèle, ils ont refusé de souscrire aux émissions de NEU CP que souhaitaient lancer des corporates. Face à ce blocage, certaines entreprises qui envisageaient de venir se financer sur le marché des NEU CP courant avril ont préféré prendre les devants en récupérant une partie de leur argent placé… accélérant de fait les sorties redoutées par les gérants.«Entre février et mars, les fonds monétaires de droit français, dans lesquels investissent massivement les corporates, ont vu leurs encours chuter de 45 milliards d’euros, pour tomber à 250 milliards (pour mémoire, au 31 mars 2019, l’encours était à 280 milliards d’euros), constate Cyril Merkel, président de la commission placements de l’Association française des trésoriers d’entreprise. Il s’agit d’une baisse très importante.» L’impact sur les rendements offerts pour chaque part de ces fonds détenue a été immédiat, leurs performances se détériorant le plus souvent de 15 à 20 points de base en mars, et plus encore pour certains fonds obligataires court terme. Aucune des sociétés de gestion sollicitées par Option Finance n’a souhaité s’exprimer.