Ayant construit leur budget 2017 sur la base d’une parité de 1 euro pour 1,10 dollar, de nombreux groupes se sont trouvés pris de court par l’appréciation rapide et marquée de la monnaie unique, qui s’établit aujourd’hui à son plus haut niveau depuis près de trois ans. Si les sociétés importatrices ont profité de cette tendance pour souscrire massivement des contrats à terme, leurs homologues exportatrices hésitent pour leur part quant à la stratégie à adopter.
«“Comment limiter les dégâts pour 2017 ?”, “quelle stratégie de couverture adopter pour 2018 ?” : depuis la fin de mes vacances, ces deux questions reviennent en boucle dans la bouche des trésoriers. Mes équipes et moi-même sommes assaillis d’appels comme rarement à cette période de l’année.» Ce spécialiste des changes n’est pas le seul à connaître une rentrée chargée. En cause : l’évolution surprise de l’euro face au dollar. A 1,04 dollar début janvier, la monnaie unique s’échangeait en effet en fin de semaine dernière autour de 1,19 dollar. Fin août, elle a même temporairement dépassé le seuil de 1,20 dollar, du jamais-vu depuis décembre 2014 !
Or personne, ou presque, n’avait anticipé une telle dynamique. «En début d’année, quasiment l’ensemble des opérateurs se positionnaient sur un renforcement du dollar tout au long de 2017, avec une parité parfaite avec l’euro atteinte durant le second semestre, rappelle Alain Girardeau-Montaut, co-président de la commission risques au sein de l’Association française des trésoriers d’entreprise. A ce titre, le fort mouvement d’appréciation de la monnaie unique constitue une réelle surprise.» Certes, à 1,19 dollar environ, l’euro s’établit encore à un niveau relativement bas. «Même si nous sommes étonnés par la rapidité et le caractère ininterrompu du renchérissement de l’euro, la situation n’est pas encore catastrophique, admet Michel Abaza, trésorier groupe de Safran. Il y a encore trois ans, l’euro valait 1,40 dollar.»
Des cours-budgets proches de 1,10 dollar pour 1 euro
Ce constat...