Profitant de conditions d’emprunt attractives, les entreprises européennes ont vu leur niveau d’endettement augmenter de manière quasi continue depuis 2009. Cette évolution s’accompagne toutefois d’une amélioration des niveaux de rentabilité et de trésorerie. En outre, le renforcement récent du cadre réglementaire tend à limiter les risques de dérive.
La dernière émission d’Altice aura-t-elle constitué un signal d’alerte ? En octobre dernier, la maison mère de SFR et Numericable (levier net d’endettement de 4,4 fois l’Ebitda) souhaitait lever 6,3 milliards de dollars pour financer l’acquisition de son concurrent américain Cablevision. Fragilisée par ses nombreux appels au marché depuis deux ans, elle n’est finalement parvenue à émettre «que» 4,8 milliards, avec des conditions tarifaires et juridiques durcies. Ce désaveu partiel est intervenu quelques jours après l’échec de l’opérateur de clubs privés britannique Soho House (levier d’endettement de 6,6 fois l’Ebitda), qui n’a pas réussi à placer son émission obligataire. Depuis, les signes de surchauffe se sont multipliés sur les marchés de la dette. Aux Etats-Unis, le financement relatif au rachat sous LBO du groupe de stockage de données Veritas par Carlyle vient d’être repoussé, le niveau de dette porté par Veritas (environ 8 fois l’Ebitda) ayant suscité la méfiance des investisseurs. En Europe, l’annonce du groupe espagnol Abengoa, peu connu du public mais prisé par les investisseurs, a jeté un froid : lesté d’une dette de 8,9 milliards d’euros, la société spécialisée dans les secteurs de l’énergie et de l’environnement a indiqué fin novembre avoir initié des discussions avec ses créanciers, prémices au lancement d’une procédure de faillite. En cause : une baisse continue de sa génération de cash-flows, qui ne lui permet plus d’assurer la charge d’un endettement massif, équivalent à 10 fois son Ebidta !