Sous l’effet d’une réduction des rachats d’actifs opérés par la BCE et de relèvements de taux directeurs à venir de la part de la Fed, les taux d’intérêt pourraient repartir à la hausse dans les prochains mois. Dans ce contexte, de nombreux groupes réfléchissent à sécuriser, via des produits dérivés, le taux des financements qu’ils envisagent de lever d’ici à 2019.
Alors que la Banque centrale européenne vient d’annoncer la réduction de la taille de son programme de quantitative easing (QE) pour 2018, son homologue américaine devrait procéder en décembre à un nouveau relèvement de son principal taux directeur, lequel pourrait selon les économistes être suivi de trois autres hausses en 2018. De quoi laisser présager une remontée graduelle des taux d’intérêt des deux côtés de l’Atlantique… et inciter les entreprises disposant d’une visibilité sur leurs besoins de financement dans les prochaines années à anticiper le mouvement. «Alors que nous devrons refinancer un emprunt obligataire fin 2019, nous étudions l’opportunité de mettre en place dès maintenant un produit de couverture sur l’Euribor 3 mois avec un départ effectif dans deux ans, témoigne Emile Ohayon, directeur administratif et financier du groupe de cosmétiques Bogart. Ce faisant, nous figerions un taux très attractif.» Certains groupes ont déjà dépassé le stade des réflexions. «Depuis le début de l’été, plusieurs de nos clients ont souscrit des contrats forward pour un démarrage effectif prévu dans 12 ou 18 mois, confirme Pierre-Jean Renson, responsable des ventes pour les corporates chez HSBC France. D’abord déployées pour les taux dollars, ces stratégies commencent depuis quelques semaines à être mises en œuvre sur les taux euro.» Celles-ci portent essentiellement sur des financements de moyen et long termes, les taux courts allant rester encore durablement bas. «La BCE ayant indiqué qu’elle ne remonterait pas ses taux directeurs avant la fin du QE, le marché ne prévoit un retour de l’Euribor en territoire positif qu’à partir de février 2020», poursuit Pierre-Jean Renson.