Sur fond de complexité croissante de la réglementation et de développement de l’intelligence artificielle, les réseaux internationaux d’audit et de conseil misent plus que jamais sur le développement de leurs activités dans les domaines juridique et fiscal.
Il y a des signaux qui ne trompent pas. Quand KPMG a pris la décision de créer son propre cabinet d’avocats il y a quelques mois, il a montré que les grands réseaux internationaux d’audit et de conseil ne pouvaient pas se passer d’une branche juridique et fiscale. Mais il a révélé aussi au passage le fait que ces firmes avaient décidé de passer à la vitesse supérieure en faisant du droit l’un de leurs principaux vecteurs de croissance. «D’ici dix-huit mois, nous comptons être 400», confiait à Option Finance en février dernier le managing partner de la nouvelle firme d’avocats de KPMG, Mustapha Oussedrat, alors qu’ils n’étaient à ce moment-là qu’une trentaine. A la fin du mois de juin, ils sont déjà 380 professionnels dont 150 avocats.
Pour comprendre ce que représente cette annonce, il faut repartir dix-sept ans en arrière. Nous sommes en 2002. La bulle Internet vient d’éclater et le monde financier est secoué par la faillite d’Enron qui emportera avec elle le réseau Andersen. Pour les régulateurs de l’époque, l’aveuglement des commissaires aux comptes sur la situation réelle d’Enron n’a qu’une seule explication : Andersen touchait davantage d’honoraires au titre du conseil que du contrôle des comptes et n’avait donc aucun intérêt à être trop regardant sur la sincérité de la comptabilité de son client. Une analyse qui sera par la suite en partie invalidée lors du procès. Mais entre-temps, l’idée qu’il fallait préserver l’indépendance des auditeurs en imposant une séparation...