Quel constat faites-vous du marché actuel du private equity ?
Que ce soit en levée de fonds ou en investissement, le marché a retrouvé une véritable dynamique en France. L’effet induit porte évidemment sur les valorisations qui ont augmenté depuis trois ans et reviennent sur les niveaux de 2007 autour de huit à neuf fois l’Ebitda. Les montants importants à investir, notamment en Europe, boostent les prix car les fonds d’investissement ont un timing particulier pour engager les capitaux et sont donc prêts à payer cher de belles sociétés. Autre élément, le très faible niveau des taux d’intérêt favorise les opérations avec du levier et donne mécaniquement encore plus de liquidités dans le marché pour investir.
Que pensez-vous des nouvelles normes européennes sur les aides d’Etats dans l’investissement PME ?
Elles sont regrettables car elles viennent une nouvelle fois contraindre l’investissement pour les fonds dits «fiscaux». Concentrer les investissements sur les sociétés de moins de sept ans montre certes une volonté politique de financer l’innovation, mais c’est au détriment du financement de toutes les PME plus matures qui, soit en développement soit pour leur transmission, ont cruellement besoin de solution de fonds propres. Je pense notamment aux FIP qui depuis plusieurs années étaient des véhicules totalement adaptés pour accompagner la reprise d’entreprise et qui ne pourront plus maintenant investir dans ce type d’opération. C’est d’autant plus dommageable que la France regorge de très belles PME qui sont ou vont être en phase de transmission dans les années à venir. Le deuxième effet sera aussi sur les valorisations. En effet, les acteurs vont se concentrer sur les jeunes sociétés et, à périmètre constant de levée de fonds, il y aura mécaniquement une tension sur les prix.