Si les Gilets jaunes reflètent le sentiment de matraquage fiscal subi par les particuliers, c’est que ceux-ci sont confrontés depuis de nombreuses années à une pression fiscale grandissante et de moins en moins compréhensible.
Depuis cinq semaines, la France vit un épisode inédit de son histoire sociale. Le mouvement citoyen des Gilets jaunes, manifestation organisée pour une fois sans les syndicats professionnels, a contraint le gouvernement à stopper le train infernal de ses réformes et à infléchir sa politique économique. «Le vote au Parlement de la hausse de la taxe carbone au 1er janvier 2019 a été vécu comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du ras-le-bol fiscal déjà ressenti par les Français», indique Emmanuel Dinh, professeur de fiscalité à Dauphine et avocat au cabinet Andersen Tax & Legal.
La réception des mesures présentées lundi dernier par Emmanuel Macron et censées favoriser le pouvoir d’achat en est une bonne illustration : un Français sur deux n’a pas été convaincu.
Pour beaucoup, en effet, ces annonces sont considérées comme un sparadrap sur un mal beaucoup plus profond : les Français ont le sentiment qu’ils paient trop d’impôts par rapport aux bénéfices qu’ils en retirent. Il est vrai que leur poids a atteint des sommets : en 2017, le montant des prélèvements obligatoires a dépassé la barre symbolique des 1 000 milliards d’euros. La part des impôts et des différentes taxes auxquels ont été soumis les Français l’année dernière représentait très exactement 1 038 milliards d’euros soit 45,3 % du produit intérieur brut. Ce montant était supérieur de 43,3 milliards à celui de 2016 et surtout de 368,5 milliards à celui de 2002, selon Joël Giraud, rapporteur général de la Commission des finances de l’Assemblée nationale. A ce record peut d’ailleurs s’ajouter le premier rang de la France parmi les pays de l’OCDE en termes de prélèvements obligatoires.
De fait, si le mouvement des Gilets jaunes est apparu brutalement en cette fin d’année, le sentiment de matraquage fiscal remonte lui à beaucoup plus loin.
Des prélèvements sociaux en constante augmentation
D’abord,...