En dépit d’événements importants des deux côtés de l’Atlantique, l’euro a très peu fluctué face au dollar depuis le début de l’année, à la grande surprise de nombreux trésoriers. Alors qu’aucune véritable tendance ne se dessine en ce qui concerne l’évolution de cette parité dans les prochaines semaines, la plupart d’entre eux cherchent à mettre en place des stratégies plus flexibles de manière à disposer d’un filet de sécurité, sans pour autant se trouver trop pénalisés si le cours de la monnaie unique venait à bouger dans un sens qui leur est favorable.
«Déroutant !» Pour ce directeur en charge de la trésorerie d’un groupe du CAC 40 exposé au risque de change euro-dollar, ce début d’année relève de l’inattendu. Alors que les opérateurs intervenant sur les devises sont habitués à réagir de façon souvent violente au moindre événement économique, social, monétaire ou (géo)politique d’importance, les facteurs d’embrasement n’ont pas manqué en janvier : rejet par le Parlement britannique de l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, blocage des administrations américaines le plus long de l’histoire du pays (shutdown), tensions géopolitiques au sommet entre les Etats-Unis et la Chine autour notamment de l’affaire Huawei (le groupe de télécommunication chinois est soupçonné de vol de technologies), changement de ton de la part des Banques centrales européenne et américaine, dorénavant enclines à davantage de prudence…
Et pourtant. «Depuis le 1er janvier, l’euro n’a cessé d’évoluer dans une borne étroite, entre 1,13 et 1,15 dollar, et même les mouvements journaliers sont restés d’une ampleur très limitée, observe Serge Assouline, directeur général de Forex Finance.Surprenante au regard des annonces qui se sont succédé ces dernières semaines, cette situation donne l’impression que le marché n’est toujours pas reparti après la pause des fêtes de fin d’année.»
Oscillant actuellement entre 5 et 6 %, la volatilité de la paire euro-dollar est en effet très faible. L’an dernier, elle avait avoisiné à de nombreuses périodes 8 %, un niveau proche de sa moyenne historique (10 %).