Ces dernières années, de nombreuses entreprises avaient profité de l’environnement de taux d’intérêt bas, voire négatifs, pour figer le coût de leur endettement et sécuriser celui de leurs emprunts futurs. Le changement de paradigme intervenu il y a dix-huit mois a toutefois changé la donne.
Peu avant le début de l’été, Bouygues réalisait la bonne affaire. Fin mai, le groupe actif dans le BTP, les médias et les télécoms bouclait une émission obligataire d’un montant de 1 milliard d’euros à échéance juillet 2031, assortie d’un coupon de 3,875 %. Pour autant, ses équipes financières prévenaient dans la foulée que le coût de cet emprunt se situerait à un « niveau légèrement inférieur à 1,95 % ». Même cas de figure pour Legrand. Quelques semaines auparavant, le spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment levait 700 millions d’euros sur six ans sous la forme d’obligations sustainability-linked, au taux de 3,5 %. Mais là aussi, la direction financière précisait que le coût effectif de ce financement se limiterait à 2 %. D’autres émetteurs européens ont également fait des annonces similaires au cours des derniers mois, à l’instar du Belge WDP et de l’énergéticien portugais EDP.
Des durées plus longues que d’ordinaire
De telles « remises » ne doivent rien au hasard, surtout pas à une quelconque mansuétude de la part d’investisseurs désireux d’alléger la charge financière des emprunteurs en cette période d’inflation. Anticipant une remontée des taux d’intérêt, tous ces corporates avaient en effet pris les devants en souscrivant, quelques mois voire années plus tôt, des instruments de précouverture, ou pre-hedge. « En règle générale, il s’agit d’un swap de taux d’intérêt classique, mais dont la date de départ est décalée dans le temps », explique Arnaud Lhoste, responsable...