Depuis la crise, la part des banques dans le financement des entreprises françaises a sensiblement reculé. Alors que les solutions alternatives comme le crowdfunding sont appelées à monter en puissance, la tendance pourrait être exacerbée par l’émergence de plateformes digitales, mettant directement en relation les emprunteurs avec des investisseurs. De quoi inciter les établissements bancaires à s’adapter pour conserver leurs parts de marché.
«Les services offerts par les banques sont nécessaires, les banques non», déclarait Bill Gates dans les années 1990, alors convaincu des capacités des sociétés du numérique à percer dans ce domaine. Et si le fondateur de Microsoft avait raison ? Depuis quelques années, les établissements bancaires subissent la concurrence frontale de fintechs et des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) dans le secteur des services de paiement, qui est appelée à s’exacerber en Europe avec l’entrée en vigueur il y a deux mois d’une nouvelle directive (DSP 2). La menace est prise très au sérieux par les banques, les commissions liées aux paiements pouvant représenter jusqu’à 15 % des revenus globaux liés à leur activité de détail en Europe selon S&P. Mais un autre danger les guette, aux conséquences potentielles bien plus lourdes : le risque d’être reléguées au second plan en matière de financement des entreprises.
Un rythme de désintermédiation rapide
Les banques françaises sont particulièrement exposées. Depuis la crise, leur poids dans l’endettement des sociétés non financières domestiques, toutes tailles confondues, a sensiblement reculé. D’après la Banque de France, celui-ci est passé de 69 % en 2009 à 61 % aujourd’hui. Il s’agit du mouvement de désintermédiation le plus rapide observé au sein de la zone euro. Même si la dynamique s’est essoufflée depuis deux ans en raison de la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque centrale européenne, qui a réduit le coût d’accès des banques à la liquidité, elle est appelée à...