Pour la première fois depuis la création de l’euro, deux émetteurs corporate européens, dont Sanofi, viennent de se financer sur le marché obligataire primaire avec un rendement inférieur à zéro. Si les banquiers obligataires n’excluent pas de nouvelles émissions assorties de conditions comparables dans les prochains jours, le mouvement devrait toutefois rester circonscrit aux emprunteurs les plus solides.
«Il s’agit d’un véritable événement de marché.»Pour Laurent Attali, responsable debt capital markets France pour les corporates chez BNP Paribas CIB, comme pour ses homologues, le 6 septembre 2016 restera une date historique pour le segment corporate du marché obligataire primaire en euros. Pour la première fois, deux émetteurs sont parvenus à emprunter avec un rendement… négatif ! C’est le cas du groupe allemand Henkel, spécialisé dans les domaines des adhésifs, de l’étanchéité et du traitement de surface, et de Sanofi, qui ont respectivement émis 500 millions sur deux ans et 1 milliard à échéance janvier 2020 avec chacun une rémunération de - 0,05 %. «Ces deux opérations ont clairement repoussé une limite qui a pendant longtemps paru infranchissable», prévient Franck Hergault, managing director en charge de l’origination obligataire corporate chez Crédit Agricole CIB.
L’effet BCE
Pour autant, cette situation ne surprend pas outre mesure les banquiers obligataires. D’abord, les rendements négatifs ne représentent pas une nouveauté pour les corporates. En effet, la plupart des groupes disposant d’un programme de billets de trésorerie, ces titres de créances négociables de court terme renommés «NEU CP», se financent jusqu’à six mois, voire un an, à taux négatif depuis mi-2015. De même, plusieurs sociétés ont déjà obtenu des conditions comparables en émettant des obligations convertibles, à l’instar d’Airbus, Veolia Environnement ou encore Safran. S’agissant du marché obligataire...