Alors qu’il disposait d’un crédit assorti de sûretés correspondant à des actions Altice, Patrick Drahi a été contraint de modifier sa structure de financement en raison de la chute du cours boursier du câblo-opérateur. Le nouveau montage mis en place lui permet, grâce à un produit dérivé, de protéger à la baisse la valeur des titres apportés en garantie.
Altice connaît une fin d’année 2015 difficile. Après avoir eu massivement recours aux marchés de la dette depuis près de deux ans pour financer des acquisitions (SFR, Portugal Telecom, Cablevision…), le câblo-opérateur commence à susciter l’inquiétude d’un nombre croissant d’investisseurs. Un mouvement de défiance qui s’est matérialisé par une baisse de son cours boursier de près de 50 % en l’espace de seulement trois mois ! Cette situation affecte en premier lieu Patrick Drahi, actionnaire principal d’Altice avec 58 % du capital. En plus de voir la valeur de sa participation chuter, le fondateur du groupe a en effet été contraint, en raison de cette correction boursière, de restructurer la dette de sa holding personnelle, Next.
Un appel de marge
Dans le cadre de l’introduction en Bourse d’Altice, début 2014, cette structure avait acheté des actions, qu’elle avait financées grâce à la mise en place d’un «margin loan». «Il s’agit d’un crédit sécurisé, dans le cadre duquel les banquiers reçoivent en garantie des titres d’une valeur égale ou proche à celle du prêt, explique un banquier. Ce procédé est couramment utilisé par des holdings qui, afin d’emprunter une somme conséquente, apportent en sûreté des participations.»Efficace, cette technique peut toutefois se révéler problématique pour l’emprunteur si la valeur de ces garanties diminue, comme cela a été le cas pour Next.«Dans ce cas de figure, quelle que soit la maturité restante du crédit, les banques effectuent des appels de marge (margin call) : l’emprunteur doit compenser cette perte de valeur soit par l’apport de nouveaux titres, soit en cash», poursuit ce spécialiste.