Rexecode vient de publier son document de travail sur l’analyse du projet de loi de finances 2021. Cette nouvelle édition s’inscrit, cette année, dans un contexte particulier de crise économique due à la pandémie de la Covid-19. Quel est votre constat sur la santé financière des entreprises aujourd’hui ?
Michel Didier, président du comité de direction de Rexecode, ancien titulaire de la chaire d’économie du Cnam : Nous avons travaillé à la fois sur le budget 2021 et sur l’année 2020 qui a compté pas moins de quatre lois de finances rectificatives, pour avoir une vision complète de la situation financière. Les aides d’urgence décidées par Bercy dès le début de la crise, les reports des échéances fiscales et sociales, les prêts garantis par l’Etat, ont permis à court terme aux entreprises d’éviter des ruptures de liquidité. Mais leur situation de bilan s’est fortement dégradée. D’après nos calculs, malgré le rebond de croissance attendu en 2021, sur les deux années 2020 et 2021, l’amputation de l’autofinancement brut, qui mesure la variation des fonds propres dégagée par l’activité, approcherait les 100 milliards d’euros.
Cette perte intervient alors que les entreprises auraient besoin, au contraire, de plus de fonds propres pour engager les investissements nécessaires pour leur transformation écologique, et aussi pour surmonter le manque de visibilité des prochaines années face aux échéances des 120 milliards d’euros de prêts garantis. Le risque à conjurer est que les...