Depuis trente ans, l’Etat fédéral allemand a mis en place une stratégie fiscale axée davantage sur l’imposition du revenu des ménages que des entreprises. Ces dernières bénéficient ainsi d’une fiscalité plus souple qu’en France, qui favorise leur développement et leur transmission.
Enfin une politique fiscale en faveur des entreprises françaises ? C’est ce que promet une nouvelle fois le gouvernement en annonçant un milliard d’euros de baisse d’impôts dans le projet de loi de finances pour 2020, actuellement examiné au Parlement. Au total, depuis 2017, l’exécutif estime à près de 10 milliards d’euros la baisse cumulée des prélèvements obligatoires des entreprises.
Ce nouveau cadeau fiscal est pourtant jugé sans réel impact sur le poids que représente l’ensemble des prélèvements obligatoires sur les entreprises, évalué à… 431 milliards d’euros en 2016. «Le gouvernement ne sait faire que des petits pas à coup de 1 ou 2 milliards de baisse de taxation pour les entreprises alors qu’il faudrait une réforme de grande ampleur pour enfin régler le problème de la surfiscalité subie par les entreprises françaises», défend Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation Ifrap. Il est sûr effectivement que cette annonce de l’exécutif ne suffira pas à faire chuter la France de sa première place dans le classement des pays à la fiscalité la plus élevée dans l’Union européenne, rang – occupé depuis 2015 – loin devant sa grande rivale, l’Allemagne. En 2016, le poids des prélèvements obligatoires sur l’industrie française atteignait 27,9 %, contre 17,2 % en Allemagne, soit un écart de 10,7 %. La raison tient à l’approche fondamentalement différente des deux pays en matière de fiscalité des entreprises : en France, il s’agit d’une ressource financière intarissable, alors que, en Allemagne, c’est une des clés de leur compétitivité.