A l’approche de l’élection présidentielle, la tension monte dans la communauté financière et pas seulement chez les investisseurs étrangers. Les enjeux sont, il est vrai, plus importants que jamais : après un début de quinquennat Hollande difficile, l’économie française commence tout juste à aller mieux. Mais elle reste fragile et la poursuite du redressement sera notamment conditionnée par les choix fiscaux qui seront faits dans les mois qui viennent.
L’accalmie n’aura duré qu’un mois. Fin janvier et durant le mois de février, la perspective d’une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, devenue davantage plausible à la suite du déclenchement de l’«affaire Fillon» (soupçons d’emploi fictif de son épouse), avait suscité l’inquiétude des marchés. Une crainte qui avait alors provoqué un renchérissement des rendements réclamés à la France pour se financer. Mais les tensions étaient intégralement retombées en mars, les investisseurs se rassurant quant au fait qu’Emmanuel Macron, en progression dans les sondages, remporterait le scrutin.
Mais depuis début avril, la probabilité d’un tel scénario est devenue moins forte. En cause : la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, qui est passé, selon certains d’entre eux, à la troisième place, devant François Fillon. «Même si Emmanuel Macron conserve une nette avance, les investisseurs ne sont pas rassurés pour autant, commente un trader. D’une part, ils accordent depuis le référendum sur le Brexit et l’élection présidentielle américaine une moindre crédibilité aux sondages. D’autre part, de nombreux électeurs se disent encore indécis quant à leur vote. Dans ce contexte, un second tour Le Pen-Mélenchon apparaît comme tout sauf farfelu !»Selon les bookmakers anglais, la probabilité d’une victoire finale d’un de ces deux candidats est ainsi montée la semaine dernière à près de 35 %, contre 25 % au début du mois.«L’hypothèse d’un “Frexit”, c’est-à-dire d’une sortie de...