Au cours des derniers mois, un nouveau type d’obligations ESG a vu le jour : les «transition bonds». Ne répondant à aucune définition précise, celles-ci font actuellement l’objet de plusieurs travaux de place. Avant même leur conclusion, plusieurs spécialistes déplorent la multiplication des «labels», de nature à instaurer de la confusion tant parmi les émetteurs que les investisseurs.
Il y avait déjà les «green bonds», les «social bonds», les «climate bonds», les «Blue bonds», les «sustainable bonds» ou encore les «sustainability-linked bonds». Au sein de la palette des instruments obligataires à dimension ESG, place maintenant aux «transition bonds» ! Après le groupe agroalimentaire brésilien Marfrig et Crédit Agricole CIB l’an dernier, plusieurs émissions de ce type ont en effet été réalisées au cours des dernières semaines par des entreprises internationales évoluant dans les secteurs de l’énergie : le groupe britannique Cadent, l’Italien Snam et le Chinois Castle Peak Power. Fait original : «aucune de ces opérations ne ressemble à sa voisine, qu’il s’agisse de la nature des projets financés ou de l’ambition des engagements en matière de transition pris par les émetteurs», constate Orith Azoulay, responsable mondiale de la finance verte et durable au sein de la banque de grande clientèle de Natixis.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les obligations dites de transition, dont l’objectif affiché est de lutter contre le réchauffement climatique, ne répondent à ce jour à aucune définition ni standard précis. «Ainsi, n’importe quel corporate peut aujourd’hui prétendre en émettre, quand bien même son engagement en matière de RSE serait sujet à caution», déplore un banquier spécialiste en finance durable. Un avis que partagent également des investisseurs de premier plan. En début d’année, le gérant du plus gros fonds de green bonds au monde, Bram Bos (NN Investment Partners), mettait par exemple en garde contre le manque de transparence et le risque de «greenwashing» de cette classe d’actifs émergente.