L’Asie est un continent aux visages multiples. Diversité linguistique, spécificités culturelles, différences réglementaires : plus encore que dans d’autres régions du monde, chaque pays asiatique dispose de traditions et de pratiques particulières qui lui sont propres. C’est en ce sens que le recouvrement en Asie peut s’avérer périlleux s’il n’est pas assuré par un expert maîtrisant les pratiques locales. Entretien avec Aleksandar Ivanov, juriste contentieux international chez Euler Hermes, en charge de l’Asie.
Par Aleksandar Ivanov, juriste contentieux international
Pour un exportateur français, recouvrer sa créance auprès d’un débiteur implanté en Asie est particulièrement compliqué. En témoigne l’indice de complexité du recouvrement international d’Euler Hermes, qui place la Malaisie, la Chine, l’Indonésie et la Thaïlande parmi les dix pays où une entreprise a le moins de chances de recouvrer sa créance.
L’anglais, source d’incompréhension…mais aussi de récupération !
Le premier facteur expliquant l’exposition du créancier au risque de ne jamais recouvrer la somme due, c’est la barrière de la langue. Surtout quand on sait que, au sein même d’un pays, différentes langues sont utilisées. En Inde, par exemple, alors que l’anglais est parlé par tout le monde à Mumbai, il est totalement oublié dans certaines régions.
«Lors d’une relation commerciale avec une entreprise asiatique, à moins de pratiquer couramment la langue du débiteur, l’usage de l’anglais est quasi systématique. Le problème, c’est que la maîtrise de l’anglais n’est pas optimale en Asie, ce qui peut engendrer des incompréhensions et des malentendus entre les deux parties. La relation commerciale peut alors rapidement se tendre, et recouvrer la créance devient plus difficile», explique Aleksandar Ivanov.
Comment faire pour contourner ce problème de compréhension linguistique ? Selon le juriste, «la solution la plus sûre reste de rédiger les conditions générales de ventes en utilisant un anglais le plus précis et juste possible, et de les faire signer par son client. Ainsi, même si le débiteur maîtrise mal l’anglais, le créancier disposera d’une preuve tangible des engagements pris, qui sera plus à même d’être reçue par un tribunal puisque rédigée dans la langue du commerce international.»