Evénement inédit dans l’histoire de la Ve République, la commission spéciale en charge des retraites de l’Assemblée nationale a jeté l’éponge mardi dernier, achevant de brouiller la compréhension de la réforme. Le texte qui sera examiné par les députés, à partir de cette semaine, sera donc le projet initial déposé par l’exécutif. Quoi qu’il en soit, la future réforme aura pour effet de modifier profondement le calcul de pension de retraite des salariés du privé sans pour autant le simplifier.
Une mission impossible ? Pilier du programme de campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, le sujet des retraites a toujours été un dossier politique sensible. Tous ses prédécesseurs qui ont tenté l’aventure avant lui s’y sont cassé les dents.
Ils poursuivaient pourtant le même objectif : s’attaquer enfin au problème des régimes spéciaux de retraite et au rapprochement du régime de la fonction publique avec le régime général du privé. Aucun n’y est parvenu jusqu’à présent. Dans le pire des cas, la réforme n’a même pas été mise en place : celle d’Alain Juppé, mentor d’Edouard Philippe, s’est fracassée sur les grèves de 1995, obligeant le gouvernement à faire machine arrière.
Les réformes des retraites qui ont vu le jour ont eu, quant à elles, pour principal résultat d’impacter lourdement les pensions des salariés du secteur privé. Celle d’Edouard Balladur en 1993 a ainsi changé le calcul des pensions, qui se fonde non plus sur les 10 meilleures années de leur carrière, mais sur les 25 meilleures. En 2003, la réforme Fillon est venue le durcir : alors qu’à l’époque l’âge légal de départ en retraite (celui auquel un salarié peut prétendre partir en retraite même sans taux plein) était fixé à 60 ans et l’âge d’équilibre (l’âge auquel le chef d’entreprise peut obliger son salarié à partir en retraite) à 65 ans, elle a instauré le principe d’une décote de 5 % par année manquante au moment du départ à 60 ans sans taux plein, et celui d’une surcote de 5 % par année supplémentaire pour...