Premium

Interview - Jacques de Larosière, membre de l’Académie des sciences morales et politiques

«S’obstiner à vouloir atteindre 2 % d’inflation n’a pas de sens»

Publié le 25 octobre 2019 à 15h23    Mis à jour le 25 octobre 2019 à 18h00

Propos recueillis par Valérie Nau

Malgré les liquidités injectées depuis des années dans l’économie, l’inflation reste plus faible que l’objectif de 2 % affiché par les banques centrales. Une évolution structurelle, estime Jacques de Larosière. Face aux perturbations engendrées par les taux négatifs, les autorités monétaires devraient pour l‘ancien gouverneur de la Banque de France et ancien directeur général du FMI, faire preuve de davantage de flexibilité.

Dans une récente analyse intitulée «Sortir la politique monétaire de l’impasse», vous vous élevez notamment contre l’objectif de 2 % d’inflation, devenu «le guide absolu de la politique monétaire». En quoi ce seuil doit-il être remis en cause ?

Depuis longtemps, j’ai le sentiment que fixer la cible d’inflation autour de 2 % est une erreur. L’observation montre en effet que l’inflation n’atteint plus ce seuil depuis une dizaine d’années. Plusieurs facteurs structurels expliquent cette évolution. Le vieillissement des populations, d’abord, se traduit par une baisse de la consommation et de l’investissement, et une hausse de l’épargne. De plus, la mondialisation conduit depuis une vingtaine d’années à importer des produits en provenance des pays émergents où les salaires sont faibles, ce qui non seulement entraîne une baisse des indices des prix à la consommation, mais, plus insidieusement, conduit depuis des années à un plafonnement des salaires dans les pays développés. A cela s’ajoutent les progrès de la technologie, le développement de l’e-commerce, qui font baisser les prix des objets de consommation de façon structurelle. Dans ces conditions, le fait que l’inflation d’équilibre – qui permet un développement de l’économie sans hyperinflation et sans déflation – évolue actuellement autour de 1,3 %-1,4 % dans la zone euro n’a rien d’illogique. Par conséquent, s’obstiner à vouloir atteindre 2 % n’a pas de sens car cela oblige à mener une politique de création monétaire exagérément généreuse sans raison objective, et avec des conséquences très dommageables pour le système financier.

L'info financière en continu

Chargement en cours...

Les dernières Lettres Professionnelles

Voir plus

A lire également

Actualité

Premium Matières premières  - Le calme avant la (nouvelle) tempête

L’heure semble être à l’accalmie sur les marchés de matières premières, les prix étant revenus à…

Ivan Best OPTION FINANCE 13/07/2023

Lire la suite

Dans la même rubrique

Abonnés Roquette se refinance en sollicitant pour la première fois le marché obligataire

Afin de refinancer une partie de la plus importante acquisition de son histoire, Roquette a procédé...

Abonnés M&A: entrer en négociations exclusives, un choix favorable aux acquéreurs, mais pas seulement

Lors d'une opération de M&A, le choix d’entrer ou non en négociations exclusives est éminemment...

Abonnés Euroapi se finance en s'appuyant sur Sanofi

Secouée par une nouvelle vague de départs qui a fait chuter son cours de Bourse au début du mois de...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…