Afin de faciliter le financement de l’économie européenne via un accès simplifié des entreprises aux marchés financiers, la Commission européenne avait lancé fin 2014 un vaste chantier, baptisé «Union des marchés de capitaux», censé être finalisé fin 2019. Si certaines mesures du projet ont bel et bien été adoptées, leur portée est cependant jugée trop limitée par les observateurs.
«Les progrès sont bien maigres.» Lors de la publication du rapport annuel 2018 de l’Autorité des marchés financiers, le 7 mai dernier, son président Robert Ophèle n’a pas mâché ses mots lorsqu’il s’est agi de commenter les développements de l’Union des marchés de capitaux (UMC). Largement partagé au sein de la communauté financière, ce sentiment de déception est à la hauteur des attentes qu’avait suscitées ce chantier au moment de sa présentation par la Commission européenne, en novembre 2014. Celui-ci se voulait, il faut dire, particulièrement ambitieux.
«Dans la mesure où l’économie européenne était financée au lancement du projet à près de 80 % par les banques, il fallait non seulement développer d’autres canaux de financement pour maintenir un accès aux liquidités en cas de crise bancaire, mais aussi faciliter la mise en œuvre d’autres instruments que le crédit pour permettre aux entreprises qui n’y ont pas accès (start-up, sociétés évoluant dans des secteurs comme le digital…) de pouvoir financer leur croissance, rappelle Olivier Guersent, directeur général de la direction générale de la stabilité financière et des marchés de capitaux (DG FISMA) à la Commission européenne. Or pour assurer les meilleures conditions possibles aux emprunteurs et émetteurs, le meilleur moyen consistait à leur ouvrir un bassin de liquidités le plus large possible, ce qui impliquait de lever tous les obstacles à l’investissement transfrontalier au sein de l’Union.» En agissant de la sorte, l’exécutif y voyait notamment un moyen pour mieux faire circuler l’épargne depuis les pays qui en regorgent et ceux qui affichent un déficit en la matière.