Dans le cadre du projet de loi Pacte, le gouvernement a décidé de dispenser les petites entreprises de l’obligation d’auditer leurs comptes. Les auditeurs montent au créneau.
Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand le très réservé président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) Jean Bouquot, par ailleurs associé EY, appelle à une manifestation nationale des commissaires aux comptes le 17 mai prochain sur son compte Twitter, c’est que l’heure est grave. Cette profession est plus habituée en effet au lobbying discret qu’aux manifestations de rue. La raison de cette émotion ? Un rapport de l’IGF publié fin mars qui conclut à l’inutilité du commissaire aux comptes dans les petites entreprises et recommande au gouvernement de remonter les seuils d’audit obligatoire en France de 3,1 millions de chiffre d’affaires à 8 millions, soit le niveau européen.«Nous pouvons comprendre le choix politique de remonter les seuils pour alléger la vie des entreprises, même si nous ne partageons pas l’analyse du gouvernement, mais pourquoi insulter 15 000 professionnels en affirmant qu’ils ne servent à rien ? s’insurge Philippe Castagnac, président du département Entité d’intérêt public (EIP) de la CNCC et président du Groupe Mazars. Et comment un rapport peut-il témoigner d’une méconnaissance aussi grave de notre métier en indiquant que l’auditeur est inutile dans les petites entreprises car il n’émet des réserves que dans 2 % des comptes. Or c’est un contresens : grâce à son travail, seulement 2 % des comptes appellent des réserves !»
Pourtant, la décision semble prise. Le 19 avril, Bercy et la Chancellerie ont annoncé la création d’une...