Si Vivendi obtient le contrôle de Gameloft, l’opération présentera probablement plus d’intérêt pour l’attaquant que pour la cible. Mais l’argument risque de ne pas suffire à convaincre les actionnaires de l’éditeur de jeux en ligne de ne pas apporter leurs titres.
On peut être breton, fréquenter les mêmes cercles d’affaires et lobbys régionaux et ne pas hésiter à se livrer bataille à la Bourse parisienne. Yves et Michel Guillemot, fondateurs respectifs d’Ubisoft et de Gameloft, sont en train de l’apprendre à leurs dépens : les deux frères ont vu débarquer ces derniers mois à leur capital Vincent Bolloré, qui a pris, par le biais de Vivendi, 15,6 % de l’éditeur de jeux vidéo et 30 % du fabriquant de jeux en ligne, sur lequel il a finalement lancé une OPA en février dernier.
Un nouveau business model
Vivendi affirme vouloir apporter à Gameloft (256 millions d’euros de chiffre d’affaires), déficitaire en 2014 et probablement en 2015, de nouveaux leviers de développement, industriels et financiers. L’entreprise estime pour sa part ne pas avoir besoin d’un tel soutien pour continuer à se développer. Certes, le groupe a dû faire face au changement de son business model, passé de payant à quasiment gratuit. Pour compenser la baisse de revenus, il a développé une nouvelle activité, la publicité programmatique, qui l’a conduit à investir dans le recrutement de techniciens spécialisés et de commerciaux dédiés. A ce titre, «l’expérience de Vincent Bolloré en matière de monétisation de l’audience pourrait permettre à Gameloft d’accélérer sa croissance sur le marché publicitaire, qui ne représente actuellement que 5 millions d’euros de ses revenus annuels, contre 45 millions d’euros du chiffre d’affaires trimestriel de Zynga, l’un de ses concurrents disposant d’une audience comparable», souligne Thomas Alzuyeta, analyste chez Gilbert Dupont.