Même si les entreprises continuent de bénéficier de conditions attractives sur le marché obligataire, la situation a commencé à se tendre au cours des dernières semaines. Livres d’ordres moins souscrits, coupons en hausse, plus grande sélectivité de la part des investisseurs… Alors que le programme de quantitative easing de la BCE touche à sa fin, les spécialistes anticipent une poursuite du mouvement.
Les lendemains de fête sont parfois difficiles. Depuis près de trois ans, les entreprises s’étaient habituées à bénéficier de conditions d’emprunt en amélioration continue sur le marché obligataire, l’abondance de liquidités générée par la politique monétaire de la Banque centrale européenne ayant fait basculer le rapport de force en leur faveur. Si les fondamentaux sont restés globalement porteurs pour les émetteurs durant le premier trimestre, la donne a toutefois commencé à changer. «La volatilité a fait son retour, avec des investisseurs devenus dans l’ensemble plus sélectifs, constate Fabien Calixte, head of unrated debt capital markets chez BNP Paribas. Après avoir bercé dans un environnement exceptionnellement accommodant, nous revenons progressivement à une configuration de marché “normale”, comme celle qui prévalait avant le lancement du programme d’achat d’actifs (QE) de la BCE, avec des prêteurs qui reprennent la main sur les opérations.»
Une correction anticipée sur les spreads
S’expliquant principalement par l’arrêt imminent du QE, ce mouvement de balancier, aussi «normal» soit-il, n’est pour autant pas indolore pour les corporates. Déjà confrontés à un début de remontée des taux d’intérêt (voir encadré), ceux-ci ont en effet pâti de plusieurs désagréments. Même si la demande reste forte pour la plupart des opérations, l’appétit des investisseurs est devenu moins marqué. «Alors que les livres d’ordres avaient été sursouscrits à hauteur de 2,8 fois en moyenne en 2017 selon nos calculs, ce ratio s’est...