Alors même que des tensions géopolitiques affectent depuis plusieurs semaines les marchés financiers, en particulier actions, le marché obligataire en euros est quant à lui reparti sur une dynamique soutenue. Bien que deux groupes français aient annulé leur projet d’émission d’obligations courant juillet, la demande des investisseurs reste en effet importante. De quoi inciter de nombreuses entreprises à anticiper leur levée de fonds.
«C’est une rentrée sur les chapeaux de roue.» Comme s’en réjouit David Villedieu, responsable de l’origination obligataire pour les corporates en France chez BNP Paribas, le marché obligataire en euros a connu une fin de mois d’août très active. Dans la foulée des émissions de LafargeHolcim et d’ISS, une dizaine de groupes européens ont en effet procédé à une levée de fonds la semaine dernière, lancé leur roadshow - à l’instar d’Ingenico et d’Acide - ou fait état de leur intention de solliciter prochainement les investisseurs - comme par exemple Elis et Europcar. «L’activité s’annonce très chargée pour les mois de septembre et d’octobre», prévient Tanneguy de Carné, responsable de l’origination, marchés de capitaux de dette non investment grade chez Société Générale CIB.
Des investisseurs «buy and hold»
L’actualité récente ne présageait pourtant pas forcément un tel scénario. D’abord, courant juillet, plusieurs émissions s’étaient mal déroulées en Europe sur le segment high yield (émetteurs notés BB+ et moins), ce qui avait notamment affecté deux entreprises françaises. Mais ces échecs résultaient davantage de situations propres aux émetteurs que d’une dégradation générale du marché (voir encadré). Ensuite, les marchés financiers pâtissent depuis plusieurs semaines des tensions géopolitiques entre la Corée du Nord et les Etats-Unis ainsi que des inondations venant de frapper le Texas, qui pourraient amputer la production de pétrole américaine et, par ricochet, provoquer des tensions haussières sur les prix....