Dans le cadre de l’Institut Montaigne, un groupe de travail, que vous présidez, vient de publier un rapport consacré au prix interne du carbone*. En quoi devient-il urgent de se pencher sur le sujet ?
La transition énergétique est sans nul doute le sujet le plus transformant des années à venir. Les entreprises ont par conséquent intérêt à se pencher dès que possible sur le sujet du prix interne du carbone. Jusqu’à présent, en effet, la notion de quotas carbone ne concernait que les plus gros émetteurs de CO2, qui peuvent les échanger sur le marché européen du carbone, le système ETS (emissions trading scheme). Or le plan d’action de la Commission européenne, dit « Fit for 55 », prévoit notamment d’étendre le champ des secteurs visés par ce dispositif. Demain, beaucoup d’entreprises pourraient donc être concernées. Elles doivent commencer à s’y préparer. Le prix interne du carbone est un outil qui peut les aider à bien gérer cette transition. Il peut aussi leur être utile dans le cadre de leurs engagements RSE (responsabilité sociale des entreprises), qui nécessitent des outils internes de pilotage adaptés.
De grandes entreprises ont commencé à se doter d’un prix interne du carbone, mais de façon très hétérogène. Cela ne constitue-t-il pas un frein à sa diffusion à plus grande échelle ?
Effectivement, les entreprises n’utilisent pas toutes le prix interne du carbone de façon similaire. Le prix sur lequel elles se fondent n’est pas non plus le même d’une société à l’autre. En France, selon les entreprises interrogées, il évolue de 30 euros à 150 euros la tonne. Sur les marchés, il atteint 60 euros sur l’ETS, mais il est dix fois plus bas en Chine. Il nous paraît donc primordial de parvenir à une valeur de référence qui soit la même pour tous les acteurs. Cela permettrait aux entreprises de mesurer l’effort à faire pour diminuer leur impact carbone et de...