Par sa nature et son ampleur, la faillite de la plateforme de conservation et d’échanges de cryptoactifs FTX est l’événement le plus grave qu’ait connu le marché des cryptoactifs. Elle fragilise aujourd’hui quantité d’investisseurs, ainsi qu’un certain nombre d’entreprises du secteur. Si elle ne menace pas l’existence même de la cryptosphère, elle appelle en tout cas la mise en place de cadres réglementaires dont les modalités font aujourd’hui l’objet d’âpres débats.
«J’ai investi 3 000 euros, il ne me reste plus rien », « Toutes mes économies sont parties en fumée », « Est-ce que je vais pouvoir récupérer mon argent ? », etc. Depuis dix jours, ces messages de désarroi fleurissent sur le groupe de discussion « FTX - Collectif entraide France », ouvert mi-novembre par une équipe pluridisciplinaire d’experts des cryptoactifs sur la messagerie Telegram. Les 1 000 membres de ce groupe ont tous un point commun : comme des centaines de milliers d’autres investisseurs de par le monde, ils ont stocké leurs réserves de cryptomonnaies sur la plateforme de conservation et d’échanges américaine FTX avant que celle-ci ne se place en faillite le 11 novembre dernier, et ne peuvent, aujourd’hui, récupérer leurs dépôts. « FTX est incapable de satisfaire leurs demandes de retrait car elle a utilisé leurs avoirs pour renflouer une autre entreprise créée par son fondateur et président-directeur général Sam Bankman-Fried, le fonds spéculatif Alameda Research, explique Stanislas Barthélémi, consultant au sein du département Blockchain Partner de KPMG. Pourtant, les plateformes ne sont pas censées réinvestir les dépôts de leurs clients, quand bien même aucune réglementation, a fortiori aux Etats-Unis, ne le leur impose formellement. »
Si la débâcle de l’intermédiaire ne devrait pas, selon la Banque centrale européenne (BCE), contaminer l’économie traditionnelle et les marchés financiers, elle n’en a pas moins fait l’effet d’une bombe au sein de la cryptosphère....