Les entreprises de la French Tech ont levé plus de 10 milliards d’euros depuis le début de l’année, un chiffre en progression de près de 30 % sur un an. Cette dynamique a été portée par un nombre élevé de tours de table d’ampleur, à l’instar de ceux d’Exotec, EcoVadis et Doctolib. Toutefois, la détérioration de la conjoncture économique conduit les investisseurs à se montrer de plus en plus sélectifs et exigeants, et pourrait augurer d’un changement de cycle pour le financement des start-up.
En juillet dernier, Contentsquare bouclait sa sixième levée de fonds, de 600 millions d’euros. L’entreprise parisienne, spécialisée dans l’amélioration de l’expérience digitale, réalisait par là même le neuvième tour de table de plus de 250 millions d’euros de l’année. Cet enchaînement de levées d’ampleur, inédit dans l’histoire de la French Tech, a très largement contribué à l’augmentation des montants globaux engrangés par les sociétés technologiques françaises depuis janvier dernier : ceux-ci se sont élevés à 10,6 milliards d’euros, en hausse de 32 % sur un an. D’ici décembre, l’écosystème devrait, selon toute vraisemblance, battre son record de collecte de 2021, de 11,5 milliards d’euros.
Toutefois, ces excellents chiffres masquent une réalité plus nuancée. « Après avoir atteint le niveau trimestriel record de 5 milliards d’euros entre janvier et mars, la collecte de la French Tech a baissé à 3,6 milliards d’euros au deuxième trimestre, avant de se contracter à 2 milliards d’euros au troisième trimestre, indique Arthur Porré, founding partner chez Avolta Partners. Au cours du premier semestre, le nombre de tours a, quant à lui, diminué de 13 % sur un an, à 430. » Cette baisse est due pour une large part à la détérioration du contexte économique. « A compter de la fin de 2021, les investisseurs, inquiets de l’accélération de l’inflation, de la remontée des taux et du durcissement des crises logistiques et énergétiques, se sont montrés de plus en plus sélectifs et exigeants, signale Arthur Porré. Beaucoup se demandent aujourd’hui si la crise ne préfigure pas un changement de cycle économique durable. »