Avec le rally haussier que connaît le marché américain depuis le début de l’année, il peut être tentant de céder à la simplicité et de se positionner sur l’indice phare, le S&P 500. Une erreur, aux yeux de Ryan Reardon, stratégiste senior chez State Street Global Advisors, qui décrypte une réalité plus complexe qu’il n’y paraît derrière cette performance.

Peut-on parler de rally haussier au sujet du marché américain ?
Il faut se souvenir d’où nous venons : en 2022, les investisseurs ont très largement vendu leurs positions sur le marché américain, dans la lignée des hausses de taux consécutives décidées par la Réserve fédérale. Nous avions anticipé que cette hausse de taux se poursuivrait en 2023, en revanche, nous n’avions pas prévu que le marché connaîtrait une telle remontée. Au cours des six premiers mois de l’année, l’indice de référence, le S&P 500, a pris environ 10 %.
Le retour des investisseurs profite-t-il au marché dans son ensemble ?
En réalité, la hausse du S&P 500 est tirée par un très petit nombre de valeurs. Cet indice est pondéré en fonction des capitalisations boursières, or ce sont justement quelques méga-caps qui ont très bien performé depuis le début de l’année. Il existe un indice qui réplique le S&P 500 sur la base d’une équipondération de chaque titre. Sa performance est très nettement inférieure à celle du S&P 500. Si l’on regarde dans le détail, ce sont les valeurs du secteur de la technologie qui ont beaucoup progressé, celles qui ont des projets innovants et de long terme. La hausse du marché américain est donc nettement plus contrastée que ce que la performance du S&P 500 ne peut laisser penser.
Est-ce dû à l’état de l’économie américaine ?
Le marché obligataire anticipe le fait que la Réserve fédérale va de nouveau couper ses taux dans le futur. Cela est lié à un certain nombre d’indicateurs économiques, qui pointent en direction d’une récession. Nous pensons cependant que les hauts niveaux d’inflation vont conduire la Fed à poursuivre sa politique de hausse de taux, ou du...