Face à la faiblesse des taux, les investisseurs recherchent moins à présent la performance que le rendement. Cet impératif les conduit à se tourner davantage vers la dette corporate, les actions et les actifs réels.
Si la faiblesse des taux d’intérêt est une réalité qui force les investisseurs institutionnels à modifier leur allocation d’actifs depuis déjà plusieurs années, ses conséquences sont devenues encore plus aiguës avec la généralisation des rendements négatifs. Au printemps dernier, on estimait déjà à près de 2 000 milliards d’euros le montant des dettes souveraines à taux négatifs et, depuis la rentrée, les entreprises notées Investment Grade commencent elles aussi à émettre à des taux inférieurs à zéro. Cette évolution force les institutionnels à encore approfondir leur stratégie de diversification pour trouver des actifs avec un rendement suffisant pour faire face à leurs engagements. «Initiés depuis plus de trois ans, les changements en matière d’allocation d’actifs ont été encore accentués cette année», confirme Charles Bouffier, directeur général d’Egamo.
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La recherche de rendement passe toujours par une évolution du portefeuille obligataire où la part des emprunts corporate de bonne qualité continue d’augmenter au détriment des titres souverains. A fin 2015, les investissements des compagnies d’assurances dans la dette d’entreprise (37 % de l’allocation selon l’Association française des sociétés d’assurance) ont ainsi dépassé ceux dans la dette souveraine (32 %). «Cette année, nous avons continué à augmenter la part du crédit dans notre portefeuille au détriment des souverains», témoigne Olivier Héreil, directeur général adjoint, responsable des gestions d’actifs chez BNP Paribas Cardif.