En septembre dernier, Rothschild & Co Asset Management Europe a fait le choix de lancer un fonds à échéance dédié au segment obligataire investment grade, R-co Target 2028 IG. Un positionnement pur, qui vient offrir l’opportunité de profiter du retour de l’attractivité des rendements des émetteurs les moins risqués, explique Emmanuel Petit, responsable de la gestion obligataire de Rothschild & Co Asset Management Europe.
Pourquoi choisir de lancer un fonds à échéance ?

Nous avons une longue tradition de gestion des fonds à échéance. Nous avons été les pionniers de cette formule en 2008 et nous en sommes à la huitième génération de fonds. C’est un produit simple à comprendre, très lisible, et qui permet d’investir sur une classe d’actifs moins familière pour certains investisseurs. Notre clientèle est composée de family offices, de banques privées, de CGP, ainsi que d’institutionnels. Leur appétence pour ce fonds s’explique par l’opportunité d’investir sur un actif peu risqué, l’investment grade, tout en offrant un rendement attractif qui n’avait plus été observé depuis plus d’une décennie sur le marché du crédit. Depuis le lancement, la collecte a ainsi déjà atteint 550 millions d’euros et nous avons encore de nombreuses marques d’intérêts, notamment à l’étranger.
L’environnement de marché vous semble donc favorable pour l’investment grade ?
Nous sommes parmi les rares à avoir lancé un fonds à échéance pur sur l’investment grade et cela reflète en effet nos convictions sur cette classe d’actifs. Les évolutions en matière de politique monétaire sont déjà en grande partie intégrées dans les courbes de taux ; néanmoins, les marchés restent difficiles à analyser. La tension sur l’inflation paraît se relâcher, nous pourrions avoir franchi le pic, même si certaines tendances sont encore à confirmer, notamment sur les services. Toutefois, les banques centrales ne semblent pas vouloir assouplir leurs politiques et les taux devraient demeurer sur des niveaux élevés cette année. Nous ne nous attendons pas à un retournement de la politique des banques centrales à court terme ; nous pourrions même, à l’inverse, assister à des phases de volatilité sur les taux plus tard dans l’année.
Dans ce contexte, nous avons pu profiter de bons points d’entrée sur l’investment grade. Ce segment procure de la sécurité, grâce à son positionnement très défensif, alors que les tensions pourraient être plus fortes sur les actifs risqués. Les taux de défaut sur l’investment grade se limitent historiquement à 1 %, les entreprises sont plus résilientes, elles se sont déjà largement refinancées et affichent des résultats satisfaisants. Sans oublier que nous diversifions notre portefeuille, avec 114 lignes environ, pour diminuer encore son exposition au risque.
Justement, que trouve-t-on dans ce portefeuille ?
Nous investissons sur des obligations en euros et avons donc un prisme européen, notamment autour des pays de l’OCDE. Nous pouvons également investir sur les pays émergents. A l’heure actuelle, 80 % du portefeuille est positionné sur l’Europe et 20 % sur le reste du monde. En matière de secteurs, nous n’avons pas de biais spécifique mais le secteur bancaire compte pour 30 % de notre allocation. Nous avons une expertise traditionnelle sur ce secteur, dont nous considérons les fondamentaux comme sains, avec des niveaux de solvabilité et de rentabilité élevés, ce qui devrait lui permettre d’absorber un cycle économique récessionniste. Les niveaux élevés de taux lui permettent par ailleurs de soutenir les marges d’intérêt, ce qui est un facteur puissant de rentabilité des banques européennes. Notre équipe d’analystes étudie tous les noms de l’univers et fait du bond picking, afin de préserver le profil diversifié du fonds.
Une stratégie d’investissement sur des fonds purs à échéance se justifie-t-elle sur d’autres actifs ?
Nous avons une gamme complète de fonds à échéance sur le crédit, dont un fonds pur sur le high yield lancé en avril 2020, R-co Thematic Target 2026 HY, qui a franchi les 250 millions d’euros de collecte. Il procure un rendement élevé car il profite de taux qui atteignent 8,5 % sur ce segment. Ce fonds a le mérite d’être déjà significativement investi par rapport à ceux qui se lancent aujourd’hui car il a pu profiter des nombreuses émissions high yield de ces deux dernières années, émissions qui se sont aujourd’hui taries. Les fonds à échéance sur le crédit procurent donc un outil de diversification intéressant.