La crise sanitaire a ravivé les craintes des marchés sur la soutenabilité des finances publiques des pays d’Europe du Sud, conduisant à un écartement des spreads. Mais l’intervention de la BCE, via des achats de dettes massifs, a permis d’alléger les tensions.
A travers l’Italie puis l’Espagne, les pays d’Europe du Sud ont été parmi les premiers touchés par l’extension de la crise du coronavirus hors de Chine et ses conséquences économiques, faisant rejaillir les craintes des marchés financiers héritées de la crise de la zone euro en 2011. «Les modèles économiques montrent que pour chaque point de PIB perdu, le déficit public d’un pays augmente de 0,5 point, ce qui signifie une hausse de l’ordre de 2,5 % du fait des simples stabilisateurs automatiques, souligne Apolline Menut, économiste de la zone euro chez Axa IM. S’y ajoute l’effet des politiques de soutien à l’activité, qui représentent à ce stade environ 1,5 % du PIB en Italie ou en Espagne et qui sont encore assez timides à ce stade.» Cette crise met donc une nouvelle fois sous pression les finances publiques de ces pays, dont certains n’avaient pas encore retrouvé leur équilibre.«La crise sanitaire appuie là où cela fait mal, résume Axel Botte, stratégiste chez Ostrum AM. Craignant une forte hausse des déficits publics, les marchés ont donc réagi et les spreads se sont beaucoup écartés, dépassant les 300 points de base (bp) pour l’Italie mi-mars.»
Une flexibilité accrue
Une flambée en partie due au comportement de la BCE : malgré un plan d’action conséquent annoncé le 12 mars, la banque centrale a en effet provoqué une crispation des marchés par la communication hasardeuse de sa présidente Christine Lagarde qui a assuré ne pas être là pour resserrer les spreads. Mais ces derniers n’ont pas eu le...